ROGER HENRARD

 

Le titre de son autobiographie « Un enragé du ciel », résume le personnage en une phrase. Issu d'une famille modeste, Roger HENRARD deviendra au début des années 30 pilote de tourisme à force d'obstination et de volonté. Mais il ira bien au-delà du seul pilotage de loisir : il sera de ceux qui ont créé en France le métier de photographe aérien civil.

 

Roger Henrard - Un enragé du ciel Roger Henrard - Un enragé du ciel
Photo extraite de « un enragé du ciel » - Collection Roger Henrard

 

Employé aux établissements Jules RICHARD qui fabriquaient du matériel de précision il se mit à y développer des appareils dédiés à la prise de vue aérienne. On ne saura jamais si la stratégie était celle de l'industriel cherchant des débouchés au savoir faire de son usine, ou celle du pilote, voulant créer l'occasion d'accumuler les nombreuses heures de vol que justifiait la mise au point de ses appareils.... Ce choix pourtant s'est vite avéré judicieux car ses appareils « Planiphote » rencontreront un vrai succès en particulier auprès de l'Armée de l'air Française. Roger HENRARD accèdera par la suite au poste de directeur de l'entreprise.

Il aurait pu se contenter de cette situation confortable d'industriel mais patriote convaincu il ajoutera à son actif de pilote & photographe quelques hauts faits d'armes qui lui vaudront la Légion d'honneur et la croix de Guerre. Dès 1938 alors que le risque de guerre en Europe devenait de plus en plus pesant, il se démena pour convaincre les services secrets Français de lui faire réaliser des vols d'espionnage au dessus de l'Allemagne. Avec son avion personnel, et le plus souvent seul, il partait ainsi photographier l'avancement des travaux de la ligne Sigfried et d'autres sites stratégiques militaires. Il décollait de Paris atterrissait à Dieuze ou il maquillait l'immatriculation de son appareil puis passait discrètement la frontière pour des vols de plusieurs heures avec pour seule aide des moyens de navigation rudimentaires et des cartes sommaires. A chaque fois, il ramenait au deuxième bureau des centaines de clichés qui l'auraient envoyé à la guillotine pour espionnage s'il s'était fait prendre du mauvais coté de la frontière.

Dès le début de la guerre il mettra tout autant d'énergie à se faire affecter comme pilote dans l'armée de l'air ou il s'illustrera également à plusieurs reprises.

De retour à la vie civile il mènera de front la gestion de son entreprise et une véritable activité de photographe aérien répondant aux demandes de clients sur l'ensemble de la France. Sa photothèque de près de 20.000 clichés, aujourd'hui en grande partie répartie dans de nombreux services d'archives départementales est un véritable témoignage de ce qu'étaient les paysages et les villes de France entre 1945 et 1970. Les plus exceptionnelles sont celles prises au dessus de Paris, Roger HENRARD affectionnait en particulier survoler la capitale pour tester ses appareils et de nouveaux films et ce parfois à des altitudes sol inférieures à 100 mètres à proximité de la Seine qui lui aurait servi de zone d'atterrissage en cas de problème. Ces photos resteront uniques, aujourd'hui, malgré les énormes progrès réalisés en 60 ans dans la fiabilité des moteurs, dans la formation des pilotes et des procédures de travail aérien. Paris est interdit de survol au nom du principe de précaution, Aucune autre démocratie au monde n'a pris une mesure aussi restrictive pour sa capitale...

 

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