On ne fait pas le métier de photographe aérien sans un intérêt marqué, voire viscéral, pour ce qui vole. Mais contrairement à ce que beaucoup imaginent, on ne passe pas toutes nos journées dans les airs. C’est même, une part réduite de nos emplois du temps : les ratios affichent près de 20 heures de travail au sol pour une heure passée en vol. Voler, ça se mérite. Avant, il y a tout le travail commercial : promotion, devis, réponses aux appels d’offres, puis la préparation du vol, avec son lot de demandes d’autorisations, d’études météo, de préparation du matériel. Et une fois les photos prises, la post-production des images. Dans un projet qui compte 20 000 photos faites en 3 jours de vol, elle représente quelques semaines devant l’ordinateur.
Mais, au bout de 25 ans, nos carnets de vol totalisent près de 9.000 heures de vol en avion, hélicoptère, ULM, et même quelques-unes en gyrocoptère et en montgolfière.
Pour ce qui est des avions, on y trouve des centaines d’heures de Cessna 150, 172, 177, 182, en France, au Danemark, en Angleterre, en Belgique, en Hollande, aux USA, en Martinique et en Estonie. On y trouve aussi du Mooney aux USA, du Partenavia P68 en Suède, du P2006 en Polynésie et du Jodel D140 du côté du bassin d’Arcachon. Ça, sans compter dizaines de vols en avion de ligne pour se rendre sur nos projets les plus lointains, et les plus de 4 000 heures de vol sur ULM 3 axes. Devenus de véritables petits avions très performants, les ULM sont aujourd’hui notre principal outil de travail.
Et puis, il y a tous ces autres avions, croisés au fil de nos vols sur des aérodromes, ou dans ces musées jamais loin d’un aéroport, comme au Bourget, à Duxford, Chino, Pensacola, Camarillo, Washington. Ces avions-là, on n’a pas volé dessus, mais ils nous ont parfois donné quelques belles idées, et on y a découvert de belles pépites comme le 172 exposé dans l’aéroport de Las Vegas, titulaire du record du plus long vol en avion de l’histoire : 64 jours non-stop, jour et nuit sans atterrir. Le Monocoupe de Lindbergh exposé dans l’aéroport de St-Louis au Missouri, le X1 qui a permis à Chuck Yeager de passer le mur du son pour la première fois, exposé au NASM de Washington, des B17, B25, B24, P51, T6, presque tous les Cat’s de chez Grumman et quelques dizaines d’autres mythiques.
Mais celui qui nous a mis le plus d’étoiles dans les yeux, c’est probablement ce Spitfire de passage un jour à Chambley. Il cherchait un hangar pour la nuit, on lui a ouvert les portes du nôtre et, ce soir-là, avec la complicité de son pilote, beaucoup chez nous ont pris le temps de s’asseoir dans le cockpit d’un morceau d’histoire...