Une belle rencontre au Journal de l’île de la Réunion en 1999 avec Bruno Hervieux et le regretté Claude Guillemin nous a apporté notre première commande Outre-Mer. Depuis, nous avons travaillé en Martinique, Guadeloupe, Mayotte, Guyane et en Polynésie.
Les paysages Outre-Mer laissent rêveurs, mais c’est toujours un défi d’y réaliser les photos attendues. Dans les îles, les cumulus se forment très vite et créent ces taches d’ombres au sol qui rendent les photos inesthétiques.
Difficulté supplémentaire : dépendre du planning du loueur local de moyens aériens, ce qui, malgré la qualité des partenaires trouvés à chaque fois, laisse moins de souplesse qu’avec nos moyens aériens en Métropole.
Chaque département ou territoire d’Outre-Mer est différent : à La Réunion, le relief avec les cirques et le volcan offrent des paysages spectaculaires, mais il faut composer avec les contraintes particulières du vol en montagne et des sommets à près de 3000 mètres. En Polynésie, les lagons offrent des nuances de bleu jamais vues, à Mayotte, l’îlot de sable blanc Mtsanga Tsoholé vaut le voyage à lui seul. En Martinique et Guadeloupe, les paysages varient entre végétation luxuriante, plages de cocotiers et sable fin. La Guyane offre une impression fascinante : mélange d’un territoire qui semble inexploré et de très la haute technologie avec le centre spatial.
Nous avions obtenu une autorisation spéciale pour voler dans la zone interdite de Kourou mais avec interdiction de photographier les pas de tir. L’objectif était de photographier les îles du Salut, situées très au large, l’interdiction n’était donc pas une réelle contrainte. Au retour des îles, le contrôle aérien nous imposait une trajectoire au-dessus de la mer à 2 km du rivage, à bonne distance des pas de tirs situés à 6 km à l’intérieur des terres. J’avais bien sûr en tête cette interdiction et à une telle distance, j’aurais eu du mal à photographier quelque chose de confidentiel. Mais, la curiosité et le fait qu’on ne passe pas tous les jours à côté de telles installations, m’ont donné l’envie d’effectuer un cadrage dans leur direction au maximum du zoom, sans déclencher de photo, juste dans l’idée d’utiliser l’appareil comme des jumelles...
À la seconde où j’approchais le viseur de mon œil, la radio s’activait : « Delta India, je vous rappelle que votre autorisation de photographie exclut les pas de tir ». Échange avec mon pilote d’un regard incrédule, et… d’un énorme éclat de rire !
En plus d’être suivi au radar, nous étions observés en permanence, et pour me voir tenir l’appareil photo à plusieurs kilomètres de distance, cela devait être avec une de ces caméras très puissantes qui suivent les fusées au décollage...